L'amour c'est un peu comme le rêve d'Icare : il faut savoir garder ses distances par rapport au soleil.

Et je ne parle pas que de l'Amour®, celui-ci même que seulement certains ont réussi à capturer/entretenir/faire perdurer (et ils vécurent longtemps et eurent beaucoup d'enfants ❤️❤️❤️), mais aussi tout simplement de l'attachement que l'on a à des gens que l'on côtoie régulièrement, que l'on apprécie, que l'on aime d'un amour amical ou familial.
L'Autre est un espace de découverte auquel on se mélange périodiquement, avec des couleurs qu'on aura récolté au cours de nos "sorties". C'est en expérimentant ces mélanges, en faisant cette sorte de cuisine qu'on génère des émotions. Souvent positives au début, comme un arc-en-ciel. La nouveauté et la surprise ont tendance à être un filtre (philtre?) enjolivant. Des nouvelles lunettes quoi 😅

Cependant, la présence continue, parfois dans des espaces ou moments inappropriés, ou inopportuns, ou juste trop tout le temps et trop partout font que le lien entre deux personnes se voit mis à mal, martelé, au point que cet élastique au départ si souple et doux qui nous unissait d'amour éperdu devient tendu et menace de craquer. Alors comme on nous avait promis (enfin ou nous avait dit qu'on pouvait, même que "c'était bien") qu'on-s'aimerait-toujours®, le premier bilan fait sans conteste état d'un "désamour". On pense que notre Amour@ s'est fané, que "ça n'a pas marché", pire "qu'on/que j'ai pas réussi".
Et si c'était tout simplement qu'on s'était regardés de trop près ?
Il ne faut pas rester trop proche des gens qu'on aime. Et ces temps de confinement nous l'ont souvent rappelé.
Quand toutes ces admirables qualités pour lesquelles on a jeté son dévolu sur l'âme chérie se transforment en insupportables défauts, c'est qu'on a mis les doigts dans la prise, parfois il vaut mieux s'imposer un peu de distance (...et si c'était un style de relation plutôt qu'une étape ?), ou comme dirait l'incorrigible Kundera :
Il faut observer la règle de trois. On peut voir la même femme à des intervalles très rapprochés, mais alors jamais plus de trois fois. Ou bien on peut la fréquenter pendant de longues années, mais à condition seulement de laisser passer au moins trois semaines entre chaque rendez-vous 😂


Les mauvais & subjectifs critères de l'Amour®


L'amour parfait, l'amour idéal, celui auquel on aspire et dans lequel on se jette est bien souvent un amour exclusif et jaloux. Seulement voilà, au bout d'un moment ça se gâte, car comme je l'ai dit plus haut l'énoncé est faux. Vous choquerai-je en proposant que l'idée de condamner l'infidélité c'est donner crédit à la possessivité et la jalousie comme étant des sentiments corrects ?

C'est quoi l'amour au fait ?


A vouloir réserver ses Sentiments® à quelqu'un de Spécial®, à force de craindre de galvauder le nom de l'Amour® on ne s'autorise pas à explorer et investir toutes les sensations qui dansent sur le spectre qui va du respect à la passion, en passant par la tendresse, l'affection, le crush, le désir charnel, la séduction, la connexion émotionnelle, intellectuelle, physique, philosophique ou culturelle et une myriade d'autres nuances que j'aime appeler des nuances d'amour. Comme dirait délicieusement Richard Mèmeteau :
Plutôt que de dire que que l’on vit à une époque de débauche généralisée, on ferait aussi bien de dire que l’on vit une généralisation du paradoxe classique du dilemme du prisonnier. Pour se prévenir de revers amoureux, chacun parie sur la trahison de l’autre et contribue ainsi à produire collectivement le pire résultat possible : un monde ou l’amour (créateur d’intérêt) est ce dont on doit se détacher

Or, comme on a peur de se tromper, on avance à tâtons : "Est-ce que je l'aime vraiment ?", "Est-ce du vrai amour ?".
Mais on s'en fout 😂😂😂 !!!!
Il faut dire "je t'aime" dès qu'on le sent, sans craindre la portée de ses mots. Miguel Ruiz nous explique que l'Amour est l'ingrédient magique qui fait notre cuisine magique : il est inépuisable. Rien ne sert de l'économiser, nous sommes capables de le produire et le multiplier sans limites.
Oui, comme nous le rabâche Eva Illouz, "l'amour fait mal", mais pas pour les raisons qu'elle expose, oiseau de malheur, mais juste parce que nous vivons dans un monde dual, que le bien n'existe que parce qu'il est le pendant du mal, parce que les passions n'éclatent que parce qu'elles contrastent avec les jours languissants qui les précèdent et les tumultes déchirants qui lui succèdent.

En fait, ce qu’il faudrait, c’est que “les histoires d’amour finissent bien”. On a tous envie d’amour, on veut tous cette love story qui nous désagrège le cerveau, on a tous peur de la trouver et qu’elle se termine… mal. Il faudrait trouver une manière que toutes ces histoires d’amour gardent leur force et leur éclat tant qu’elles existent. Il faudrait que le spectre de leur fin ne soit plus angoissant, mais accueilli également comme un joyau.

Et si au lieu de se focaliser sur leur fin on exploitait leur présent 🤔


On devrait le savoir depuis le temps ! Comment se fait-il qu'on continue à penser que toutes nos histoires d'amour vont durer toujours ? Nan mais franchement, on est grands quand même, mais à chaque fois qu'on tombe amoureux.se on remet ça, aggripé.e.s comme des misérables à la promesse de-toi-mon-amour-pour-toujours-jamais-je-ne-t'oublirai (Chante rossignol, chante...).
Mais toujours et jamais ne donnent aucune indication sur l'avenir - qu'on s'le dise. Ça dit juste quelque chose sur le présent.
Il faut arrêter de s'accrocher à des illusions b@®#€l, car ce qui nous traîne en longueur dans la douleur, ce qui ronge notre part de bonheur (en nous soustrayant au moment présent), c'est la désillusion.
Il faut qu'enfin on accepte l'impermanence de l'amour, de tous les amours, de leur intensité et de leur douleur.
Comme des états présents.
Comme des présents.

Ils en parlent :